On entend de plus en plus parler de microbiote, mais sa définition peut paraître un peu floue parfois. Dans cet article, je vous propose de vous aider à mieux comprendre cet organe extraordinaire et son rôle sur la santé physique et mentale.
Un microbiote, est un ensemble de micro-organismes présents dans un environnement particulier. Le système digestif humain compte environ 100 000 milliards de micro-organismes, c’est le microbiote intestinal. Il contient des bactéries, mais aussi des virus et des champignons. Aujourd’hui, son impact dans le corps est si important qu’on le considère comme un organe virtuel de l’organisme. Pour donner un exemple, l’humain contient environ 23 000 gènes, alors qu’il existerait plus de trois millions de gènes dans le microbiote !
Petit point lexical :
Quand on parle des micro-organismes, on utilise le mot « microbiote ». Quand on évoque les gènes du microbiote, il s’agit du « microbiome ».
On sait aujourd’hui que des facteurs environnementaux liés à l’alimentation, aux médicaments et à la pollution influencent la composition du microbiote. On sait aussi que le microbiote joue un rôle clé dans de nombreux aspects de la santé humaine, notamment pour ce qui est de l’immunité, du métabolisme et des comportements.
Voici ce que dit la littérature scientifique concernant son impact sur la santé :
Vive la diversité !
La plupart des études portant sur des personnes avec diverses pathologies révèlent un point commun : elles ont une faible diversité de bactéries dans leur microbiote.
Il existe 2 types de diversité :
- La diversité qualitative : bonne ou mauvaise bactérie. Car il existe des bonnes bactéries, ce sont les bactéries symbiotiques et les mauvaises bactéries, les bactéries pathogènes. Parfois c’est u peu plus complexes car les bonnes bactéries peuvent devenir problématiques et inversement…
- La diversité quantitative : elle concerne le nombre de bactéries différentes présentes et aussi le taux de chacune.
Les grandes familles de bactéries sont les firmicutes, les bactéroïdetes et les actinobactéria. Ces 3 familles constituent plus de 90 % des micro-organismes totaux présents dans le tube digestif. Elles ont des sous-familles et toutes sont importantes, dans une certaine proportion.
Microbiote et obésité
A ce jour, la plupart des preuves qui confirment l’impact du microbiote sur l’obésité ont été étudiés chez la souris, mais chez les humains il a été montré que la prise de poids sur une dizaine d’années est clairement associée à une faible diversité de bactéries, et cette association est exacerbée par une faible consommation de fibres alimentaires.
Pour la petite histoire, c’est ce qui m’a amenée vers la micronutrition car ces bactéries agissent sur notre comportement. Il peut y avoir du psychologique dans la prise de poids, mais il ne faut pas négliger ce qui appartient à la dimension biologique.
Mais la question de la diversité ne concerne pas seulement les problèmes de poids. La faible diversité du microbiote, encore elle, a aussi été davantage observée chez les personnes atteintes de maladies inflammatoires de l’intestin, de rhumatismes, de diabète de type 2, d’eczéma, de maladie cœliaque, et de rigidité artérielle, par rapports à des sujets sains.
Prévention de certaines maladies chroniques
Le microbiote intestinal semble jouer un rôle dans le développement et la progression de certaines maladies, dites « de civilisation ». Dans la maladie de Crohn, par exemple, ce sont les fumeurs qui détiennent la palme d’or puisque chez eux, la diversité du microbiote intestinal est encore plus faible.
Le fait qu’il y ait une association entre une faible diversité et la maladie nous fait comprendre qu’à l’inverse : un écosystème intestinal riche en espèces est plus robuste face aux influences environnementales.
Pourquoi ? Parce que dans un système varié, les microbes présents peuvent compenser la fonction d’autres espèces manquantes.
Ainsi, la diversité semble être un bon indicateur d’un « intestin en bonne santé ».
Chez l’humain, le rôle du microbiote intestinal sur la santé a été démontré en utilisant la transplantation de microbiote fécal. Cette procédure s’est montrée très efficace dans les cas d’infection grave par Clostridium difficile, lorsque les sujets étaient réfractaires aux médicaments. Aujourd’hui, c’est une pratique autorisée et utilisée pour traiter ce problème.
Pour d’autres pathologies, les transplantations fécales ne sont pas encore pratiquées en clinique mais ont été explorées. En attendant, ce sont principalement les probiotiques, prébiotiques et autres catégories qu’on utilise en pratique courante.
Les bienfaits des acides gras à chaine courte (AGCC)
Un autre grand bienfait des micro-organismes de notre microbiote, c’est leur capacité à fabriquer des métabolites particulièrement intéressants pour notre santé, les acides gras à chaîne courte (AGCC) : le butyrate, le propionate et l’acétate.
- Le butyrate est la principale source d’énergie des cellules du colon. Il peut induire la mort des cellules cancéreuses du côlon et il a des effets bénéfiques sur le niveau de glucose et d’énergie.
- Le propionate est envoyé au niveau du foie où il participe à réguler la satiété
- L’acétate est essentiel pour la croissance d’autres bactéries et intervient dans le système de régulation des lipides et de la satiété aussi.
La bonne nouvelle est qu’il est possible d’apporter directement du butyrate à l’intestin, à l’aide de compléments alimentaires.
Point important : lorsqu’il s’agit de prendre des compléments alimentaires, demandez l’avis d’un professionnel. D’une part, parce qu’il en existe une grande diversité et qu’il est difficile de savoir celle qui sera la mieux adaptée pour vous. D’autres part, parce qu’ils coûtent chers. Si vous devez en acheter, autant prendre les bons plutôt que tâtonner, vous ferez des économies !
Pour conclure, on peut dire que nous entrons dans une ère où nous pouvons de plus en plus modifier la santé par l’alimentation et en mesurer les effets grâce à nos microbes ou métabolites. Nos meilleures alliées seront les fibres, car ce sont des nutriments essentiels pour un microbiote en bonne santé. Traduisez cela par : mangez des légumes ! C’est une bonne manière de nourrir vos bonnes bactéries et pour des conseils personnalisés, parlez-en à un professionnel qualifié.
A très bientôt !
Elisabeth