Le café est une des boissons les plus consommées au monde. On dit qu’il améliore la vigilance, qu’il empêche certaines personnes de dormir et pas d’autres. Qu’en est-il vraiment ? Je vous propose de regarder ensemble ses véritables effets sur le cerveau et sur l’organisme.
Il semble que les bienfaits du café auraient été découverts il y a 850 ans avant notre ère, lorsqu’un berger du Yémen nota que ses brebis devenaient plus vives après avoir consommé les baies d’un arbre des montagnes. Le berger en parla à un moine du monastère voisin, qui alla en cueillir. Il les fit sécher puis en prépara une infusion distribuée aux autres moines, qui se montrèrent beaucoup plus assidus aux offices nocturnes après avoir pris la boisson.
Aujourd’hui, des milliards de tasses de café sont bues chaque jour dans le monde et les bénéfices du café sont largement vantés dans les magazines. On lui prête des propriétés anti-migraineuses, antalgiques (diminue la douleur) ou antipyrétiques (fait baisser la fièvre). Qu’il soit pris au petit déjeuner, après le repas du midi ou en cours de journée, le café agit sur le corps et l’esprit.
De la tasse de café à la dose de caféine…
Le principe le plus actif dans le café est la caféine. Son absorption a lieu dans l’intestin et aussi un peu dans l’estomac. Ajoutez un peu de lait ou faites un bon repas et la vidange gastrique sera ralentie et le travail du microbiote sera plus important. A l’inverse, certains médicaments peuvent accélérer la vidange gastrique et accélérer son absorption.
L’absorption de la caféine est rapide et complète : 99 % de la dose administrée sont absorbés en 45 minutes. Quand elle est dans le sang, elle diffuse vers les autres organes très rapidement et peut atteindre le cerveau en quelques minutes.
Où la caféine agit-elle dans le corps ?
La caféine est une molécule suffisamment passe-partout pour traverser toutes les membranes physiologiques. Ainsi, elle peut traverser la barrière hémato-encéphalique et passer à 80% dans le cerveau. Chez la femme enceinte, elle franchit également la barrière fœto-placentaire, si bien que l’embryon est soumis aux mêmes concentrations plasmatiques que sa mère ! Avec une nuance supplémentaire importante, c’est le temps d’élimination. Chez le nouveau-né, la demi-vie de la caféine est augmentée du fait de l’immaturité du système enzymatique hépatique. Cela veut dire que la durée d’action peut être multipliée par 10. En d’autres termes, le bébé peut être soumis aux mêmes effets que la mère, mais pendant beaucoup plus longtemps…
Sommes-nous tous sensibles à la caféine ?
Il semble que oui ! En effet, l’étude des résidus de caféine dans les urines montre qu’il ne reste presque rien. Ce qui veut dire que la caféine est utilisée par le corps, mais cela ne nous dit rien du niveau de son effet. Pour certains, elle les sitmulera, pour d’autres moins.
Ce qui est très variable d’un individu à l’autre, c’est l’activité enzymatique et donc les effets de la caféine. Sur ce point, les différences entre les individus peuvent être très marquées. Cela s’explique principalement par des variations génétiques d’un individu à l’autre.
Il y a également des gens porteurs d’une variation génétique spécifique. Ceux-ci éliminent plus rapidement la caféine et les autres. Nous ne sommes donc pas tous égaux en termes d’élimination de la caféine et c’est inscrit dans l’ADN de chacun.
Comment la caféine stimule-t-elle le cerveau ?
La micronutrition cherche à comprendre comment les micronutriments agissent sur le corps. Regardons ce qu’il en est pour la caféine. Quand on regarde la littérature scientifique, il faut bien admettre que tous les chercheurs ne sont pas d’accord concernant les mécanismes à la base des effets de la caféine.
Voici ceux qui ont été proposés sans qu’aucun n’ait été formellement établi, amis avec 3 tendances principales d’actions :
1 : Elle se fixe sur les récepteurs de l’adénosine,
2 : La mobilisation du calcium intracellulaire,
3 : L’interaction avec les récepteurs du GABA.
Principal postulat : la caféine se fixe sur les récepteurs à l’adénosine.
La caféine ressemble beaucoup, en termes de structure moléculaire, à une autre molécule, l’adénosine, un inducteur du sommeil. Cette ressemblance permet à la caféine de se fixer sur les mêmes récepteurs, à la place de l’adénosine, tout en ayant une action totalement différente de celle-ci, et même antagoniste (c’est-à-dire inverse).
Selon cette hypothèse, la caféine est responsable :
- De palpitations par augmentation de la contractilité myocardique et de la fréquence cardiaque,
- D’une envie d’uriner par un effet diurétique lié à l’augmentation de la filtration glomérulaire et du flux sanguin rénal – c’est une bonne façon de voir si vous êtes sensible à la caféine… Si c’est le cas, elle vous fera davantage uriner,
- De l’impression de mieux respirer par l’effet de la bronchodilatation, chez l’asthmatique notamment,
- D’’un coup de boost, par stimulation du système nerveux central.
La piste de la mobilisation du calcium intracellulaire
À des concentrations infimes, la caféine active les récepteurs à la ryanodine, ce qui provoque une augmentation de calcium (Ca2+) dans la cellule et donc une élévation du calcium intracellulaire.
Cette augmentation a une conséquence importante au niveau des cellules musculaires, puisqu’elle favorise la contraction et prépare le muscle à bouger, à être actif.
L’hypothèse de l’interaction avec les récepteurs du GABA.
Ici, la caféine agit en bloquant les récepteurs GABA, un neurotransmetteur qui freine l’influx nerveux. Mais certains réfutent cette hypothèse, car il faudrait de fortes doses pour qu’elle agisse vraiment. En revanche, il semble exister une forme de consensus autour du fait que la caféine augmente le renouvellement de plusieurs neurotransmetteurs comme la sérotonine, la dopamine et la noradrénaline. Ceux qui procurent de la motivation et du bien-être.
Que se passe-t-il quand on boit trop de café ?
A dose normale, (1 à 2 tasses par jour), la caféine stimule le cerveau, réduit la fatigue et augmente les capacités d’attention.
Au-delà de cette quantité, divers symptômes peuvent apparaître :
- Au niveau gastro-intestinal : une perte d’appétit, des crampes musculaires,
- Au niveau cérébral : de l’anxiété, de la nervosité, de l’agitation, de l’excitation, des troubles du sommeil, des maux de tête, des troubles de la pensée et de l’élocution, de l’irritabilité et des sautes d’humeur,
- Au niveau cardiovasculaire et rénal : des palpitations, des arythmies cardiaques, le visage rouge, une envie d’uriner,
- Au niveau musculaire : des tremblements.
Consommé à fortes doses, le café peut engendrer une forme de dépendance, mais elle est différente des addictions, car la caféine n’active pas le « circuit de la récompense ». Elle stimule des neurones qui proviennent d’un autre centre, nommé “noyau caudé”. Il peut libérer de la dopamine, ce qui produit une forme de plaisir, mais les connexions sont moins fortes, ce qui limite la puissance de la dépendance.
Aujourd’hui se pose la question de son statut : la caféine est-elle un médicament ou un aliment ? Une chose est sûre, c’est un principe actif et elle doit être considérée comme tel, surtout lorsqu’elle est présente sous forme cachée, dans certaines gélules, certains compléments alimentaires ou certains sodas par exemple…
SOURCES :
Dong X, Li S, Sun J, Li Y, Zhang D. Association of Coffee, Decaffeinated Coffee and Caffeine Intake from Coffee with Cognitive Performance in Older Adults: National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) 2011-2014. Nutrients. 2020 Mar 20;12(3):840. doi: 10.3390/nu12030840. PMID: 32245123; PMCID: PMC7146118. Lire plus…